Cameroun : Six milliards supplémentaires pour renflouer le plan triennal spécial jeunes

Par Ruben Tchounyabe

Le 2020-08-20

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Cette enveloppe va permettre entre autres le financement d'une quantité importante des projets des jeunes dont les business plans ont déjà été prés validés.

Il y a quelques mois, le président de la République signait l’ordonnance modifiant et complétant certaines dispositions de la loi du 24 décembre 2019 portant loi des finances pour l’exercice 2020. Il ressort du collectif budgétaire, sous très hautes prescriptions de Paul Biya, que les crédits alloués au financement des projets des jeunes pour 2020 ont été maintenus en l'état. Selon le ministre de la Jeunesse et de l’éducation civique, cette enveloppe est une prévision budgétaire de 2020 du Minjec qui initialement, a failli subir les affres de la pandémie à coronavirus. D’un montant de ­6 milliards de FCFA, elle est exclusivement destinée à la poursuite de la mise en œuvre du Plan triennal « spécial-jeunes », précise Mounouna Foutsou.

Les actions à implémenter sont donc bien définies d'avance dans la feuille de route de 2020 du Minjec. Il s'agit de manière précise, du financement d'une quantité importante des projets des jeunes dont les business plans ont déjà été prés validés, et qui sont en attente d’accompagnement pour leur autonomisation. La priorité sera accordée à l'installation des jeunes dans des villages pionniers de seconde génération et des clusters comme souhaité par le comité de suivi placé auprès du Premier Ministre, Chef du gouvernement, poursuit-il. Autres actions prévues pour ce financement, il sera question de renforcer les capacités de l'Observatoire national de la jeunesse et enfin de construire quelques Centres multifonctionnels de promotion des jeunes, cadres appropriés pour la prise en main et l'accompagnement des bénéficiaires tout au long du processus. Ce ne sont donc pas des actions spontanées mais bien définies d'avance dans notre feuille de route de 2020.

Interview

Mounouna Foutsou : « Plus de 3000 emplois créés sur l’ensemble du territoire national » 

Le ministre de la Jeunesse et de l’éducation civique donne des éclairages sur cette initiative qui, depuis son lancement en janvier 2017, a permis d’installer des jeunes bénéficiaires dans les 10 régions du pays.

Vous avez procédé il y a quelques semaines, au lancement du projet Digital youth service center (DYSC). Qu’est-ce que ce projet va apporter à la jeunesse camerounaise et quelle est sa place dans la mise en œuvre du Plan triennal spécial jeunes ?

Ce projet filière consiste à mobiliser et accompagner au moins 30 mille jeunes en quête d'auto-emploi dans les métiers du numérique autour des kiosques multifonctions, qui sont des plateformes digitales développées pour faciliter la rencontre holistique entre les fournisseurs de services et les consommateurs. A chaque kiosque ou point Dysc, sont rattachés des jeunes spécialisés dans plusieurs autres petits métiers et activités génératrices de revenus. Ces kiosques ou points Dysc, seront positionnés dans des quartiers et localités appropriées, en collaboration avec les Collectivités territoriales décentralisées qui, ne manqueront pas de trouver beaucoup d’avantages en ce projet innovant et fédérateur pour des jeunes des métiers urbains et autres acteurs du secteur informel. J’ose espérer qu’en marge de l’insertion socioéconomique des jeunes de la ville, ledit projet contribuera également à une meilleure maîtrise de l'occupation des espaces urbains pour un visage plus avenant de nos rues et marchés.

Je dois aussi dire que le projet Dysc se propose de substituer aux call-box actuels, des kiosques numériques multiservices à plusieurs valeurs ajoutées, afin d’installer durablement les jeunes de ce secteur et favoriser leur migration vers le secteur formel. Ce projet contribue donc ainsi à l’insertion socioéconomique des jeunes par la création d’emplois dans le domaine de l’économie numérique à travers le développement des plateformes de commerce en ligne et la promotion des offres de produits et services à distance, dans les petits métiers du secteur informel, notamment la restauration rapide, la vente à la sauvette, l’artisanat, la coiffure, la plomberie, la couture, la cordonnerie, les buyam sellam, les conducteurs de moto taxi, et j’en passe.

Ce projet vient par conséquent consacrer la nécessité d’insuffler un nouveau souffle à l’économie camerounaise, notamment le volet numérique, impactée par la crise du Covid 19. En effet, face à la menace permanente de la pandémie du coronavirus qui a confiné une partie des populations et limité les déplacements, le projet Dysc apporte ainsi des solutions numériques pour survivre et faire face aux contraintes inhérentes à la Covid 19.

Parlant précisément dudit Plan triennal spécial jeunes, les crédits alloués à son financement ont été maintenus en l’état, malgré le collectif budgétaire opéré il y a un mois par les autorités. Est-ce à dire que l’Etat est décidé à relancer le financement de ce Plan, après quelques retards depuis la première vague ?

Je dois dire ici que le financement du Plan triennal « spécial-jeunes » n’a jamais été suspendu ou arrêté. Il se poursuivait, mais peut être à un rythme moins souhaité par la jeunesse. Le maintien des crédits malgré le collectif budgétaire est un acte fort significatif de l’Etat, davantage du Président de la République. Ce geste du Chef de l’Etat, vise des objectifs pertinents : accélérer le processus de financement des projets des jeunes et par ricochet, donner la possibilité aux jeunes de créer des emplois pour leurs paires. Aussi, cet acte de S.E.M. Paul BIYA, le président, s'inscrit dans le prolongement de son contrat avec sa jeunesse. Il vous souvient que le 06 novembre 2018, dans son discours d'investiture du septennat en cours, il a fait savoir aux jeunes qu'il a suivi et compris leur désir légitime de participer à la construction du pays. Quelques semaines plus tard, vous avez suivis la promotion de leurs paires à de hautes fonctions de la République. Aujourd'hui, il les rassure davantage avec cette décision inédite malgré le contexte difficile qu'imposent les crises sécuritaires dans certaines de nos régions et sanitaire.

Vous comprenez avec ce geste, qu'il suit avec une oreille très attentive, la mise en œuvre du Plan triennal « spécial-jeunes » qu'il a offert à sa jeunesse en guise de cadeau d'anniversaire à l'occasion de la célébration du cinquantenaire de sa Fête, afin de faciliter et d’accélérer leur insertion socioéconomique.

Dans l’une de vos sorties, vous avez précisé le montant de cette enveloppe qui s’élève à 6 milliards FCFA. Combien de projets de jeunes au total seront financés pour cette phase et à quoi seront également affectés ces financements ?

Permettez-moi de préciser que cette enveloppe est une prévision budgétaire de 2020 du Minjec qui initialement, a failli subir les affres de la pandémie à coronavirus. Grâce au Chef de l'État SEM Paul BIYA, elle est sauvée de justesse. Elle est exclusivement destinée à la poursuite de la mise en œuvre du Plan triennal « spécial-jeunes » par le gouvernement, sous la coordination du Premier Ministre Chef du Gouvernement, Chief Dr Joseph Dion Ngute. Il s'agit de manière précise, du financement d'une quantité importante des projets des jeunes dont les business plans ont déjà été prés validés, et qui sont en attente d’accompagnement pour leur autonomisation. La priorité sera accordée à l'installation des jeunes dans des villages pionniers de seconde génération et des clusters comme souhaité par le Comité de suivi placé auprès du Premier Ministre, Chef du Gouvernement. Aussi, il sera question de renforcer les capacités de l'Observatoire National de la Jeunesse et enfin de construire quelques Centres Multifonctionnels de Promotion des Jeunes, cadres appropriés pour la prise en main et l'accompagnement des bénéficiaires tout au long du processus. Ce ne sont donc pas des actions spontanées mais bien définies d'avance dans notre feuille de route de 2020.

Quelles sont les conditions à remplir par les jeunes porteurs de projets pour bénéficier de ce financement et comment fonctionne le processus de prise en charge des candidats depuis leur inscription jusqu’au financement ?

Tous les camerounais âgés entre 15 et 35 ans sont éligibles aux multiples accompagnements qu’offre le Pts-Jeunes. Mais avant d’aborder la question du processus de prise en main elle-même, il est important de relever que pour sa mise en œuvre, le Plan triennal « spécial-jeunes » est doté d'un organe stratégique. Il s'agit du Comité de suivi placé auprès du premier ministre. C'est lui qui détermine et donne les orientations à suivre. S’agissant du processus d'accompagnement du jeune, il commence par son enrôlement à l'Observatoire national de la jeunesse. Il est pris en main par un conseiller en insertion. S'en suit un réarmement moral, civique et entrepreneurial tant par l'Agence du service civique national de participation au développement ainsi que par le Pajer U. Passé cette étape, le jeune est orienté en fonction de ses besoins et aspirations, vers un guichet adéquat. A terme, le Fonds national d'insertion des jeunes à travers le comité de crédit qui regroupe les institutions et établissements de microfinances partenaires, pré valide les business plans. Il revient au Comité sus évoqué de tabler en dernier ressort sur les projets à financer tout en tenant compte des priorités et moyens disponibles. Je tiens à préciser que le processus commence au niveau des arrondissements, puis des départements et ce, jusqu'au niveau national en passant par les régions.

 Quel bilan dresser dudit Plan depuis son lancement ?

Le Plan triennal spécial jeunes poursuit sa mise en œuvre nonobstant le contexte très mouvant que vous connaissez. Son Illustre Prescripteur y tient et son bilan à mi-parcours est satisfaisant. Toutefois, je voudrais citer l'Observatoire national de la jeunesse qui est aujourd'hui une réalité avec un siège à Yaoundé et des représentations dans toutes les unités administratives. Il a pu, en deux ans, fait inscrire environ un million de jeunes sur sa plateforme, chacun ayant un besoin spécifique et référencé au guichet approprié à ses aspirations. Une carte jeune biométrique est instituée depuis plus d'un an et bénéficie aux jeunes détenteurs qui ont désormais accès à certains services sociaux de base à des coûts préférentiels, grâce à un écosystème des partenaires publics et privés.

S'agissant des jeunes sollicitant l'accompagnement et surtout le financement de leurs projets, d'aucuns sont déjà installés, d'autres en cours d'installation et d'autres encore, attendent. Et l'acte de leur "père", le Président de la République, va certainement les rassurer davantage quant à la réalisation de leurs projets. Déjà, je dois vous faire savoir que tous les jeunes inscrits à l'Observatoire, subissent d'abord un réarmement moral, civique et entrepreneurial, avant tout autre accompagnement. A cet égard, je dois vous informer également qu'environ 32.000 plans d'affaires ont été consolidés au niveau du Fonds national d'insertion des jeunes pour être financés. C'est le fruit du travail abattu par les experts qui, sur les recommandations du Comité de suivi du Pts Jeunes, a procédé à leur arrimage aux priorités économiques nationales régionales et locales du gouvernement. Il a été donc question d'harmoniser lesdits plans d'affaires et de les adapter au contexte de chaque localité d'implémentation du projet.

Auparavant, il y a plus de 5000 plans d'affaires qui ont été validés et mis en financement. Plusieurs sont déjà financés progressivement. Plusieurs emplois sont créés. Même si ce n'est toujours pas à une vitesse souhaitée par les jeunes bénéficiaires, le financement suit toujours, malgré le contexte très défavorable à considérer, une fois de plus. C'est la raison pour laquelle nous demandons aux jeunes d'être patients, déterminés en maturant davantage leurs projets et de croire à ce cadeau spécial de leur "Père ", le Chef de l'État, qui le suit personnellement de très près comme ils le constatent, à travers sa récente décision reconduisant les crédits 2020.

 Au-delà des chiffres sur le nombre de bénéficiaires et les montants alloués, comment peut-on mesurer l’impact de ce Plan depuis son lancement ? Peut-on en savoir sur le nombre d’emplois créés et les chiffres d’affaires ou le niveau de remboursement ?

Depuis son lancement en janvier 2017, le Pts Jeunes a permis d’installer des jeunes bénéficiaires dans les 10 régions du pays. Comme vous pouvez l’imaginer, l’une des conséquences évidentes est la création d’emplois pour d’autres jeunes. A date, les chiffres à notre possession indiquent plus de 3000 sur l’ensemble du territoire national. Vous évoquez les chiffres d’affaires ; il faut faire savoir qu’à ce niveau ils varient d’un projet à un autre. Entre les micro, macro et juniors entreprises, on ne saurait faire des estimations similaires. Mais il faut retenir que le plafond des financements est chiffré à 25 millions pour les juniors entreprises. Quant au remboursement, les premiers bénéficiaires, c’est-à-dire ceux ayant été financés en 2017, ont amorcé la phase du remboursement. Nos équipes techniques s’y penchent afin de nous ressortir la situation exacte.

 Votre département ministériel a proposé d’autres projets et programmes en faveur des jeunes, à l’instar de Youth connekt. Où en est-on avec ce programme qui a été lancé en grande pompe en fin d’année dernière ?

Il y a quelques semaines, nous avons eu un échange avec la Coordonnatrice du Système des Nations Unies arrivée en fin de séjour. Pendant nos échanges, elle a encore réaffirmé l’accompagnement de l’organisation qu’elle représente à l’initiative Youth Connekt au Cameroun. Je saisis cette opportunité pour rappeler à vos lecteurs que le Projet YOUTH CONNEKT Cameroon, aligné sur la vision globale de l’initiative « Youth Connekt Africa », a pour but d’améliorer durablement l’autonomisation socioéconomique et l’engagement citoyen des jeunes pour leur meilleure implication au développement du pays. Au niveau national, le projet s’aligne dans la vision globale d’émergence du Cameroun à l’horizon 2035 et la Nouvelle Stratégie Nationale de Développement post-Dsce 2020 – 2030.

Sur le terrain de manière pratique, des ambassadeurs de cette initiative se déploient au quotidien. Il vous souvient que nous venions de signer une convention avec la Fondation Puene dont la PDG, ambassadrice du Youth Connekt s’engage à former et accompagner des jeunes dans le secteur entrepreneurial. C’est juste un exemple parmi tant d’autres, pour vous dire que sa mise en œuvre est effective et d’autres actions viendront très bientôt, densifier les premiers résultats de l’initiative Youth Connekt au Cameroun.   

Propos recueillis par Ruben Tchounyabe



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