Yagoua : le festival Tokna-Massana 2023 officiellement lancé

La 9è édition du festival des arts et de la culture Massa « Tokna-Massana 2023 » ouverte depuis le 24 juin dernier à Yagoua a connu une étape importante ce vendredi 30 juin 2023. Il s’agit de la cérémonie d’ouverture officielle présidée par le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, représentant du président de la République. Il était accompagné pour l'occasion par les ministres de la Jeunesse et de l'Education Civique, Mounouna Foutsou et de l'Habitat et du développement Urbain, Célestine Ketcha Courtès.

Dans son discours d'ouverture, Midjiyawa Bakary n’a pas manqué de consacrer une minute de silence pour le repos éternel des âmes de l'honorable députée Silikam et de son epoux, fils et fille Massa décédés au cours du mois en cours. « Le festival Tokna-Massana occupe une place prépondérante dans le cadre de la politique culturelle de l'État tel que défini par le chef de l'Etat en terme de diffusion de la culture », indique le Représentant du président de la République pour qui Le Tokna-Massana est une référence au Cameroun. « Votre mobilisation exceptionnelle témoigne à suffisance de votre engagement à pérenniser votre culture, toutefois je vous invite à raffermir ses liens. Le gouvernement du Cameroun vous y accompagnera toujours », a-t-il lancé à l’attention du peuple Massa. C'est sur ces mots qu'il déclare ouvert la 9è édition du festival international des peuples Massa, le TOKNA-MASSANA.

C’est par l’exécution en langue Massa des hymnes nationaux du Tchad et du Cameroun que s’ouvre la cérémonie. Dans son mot de bienvenue, le maire de la commune de Yagoua, Pierre Lirawa, se réjouit de la présence de grandes personnalités qui viennent rehausser l’éclat du festival et remercie le gouvernement pour les infrastructures culturelles qui permettent la diffusion de la culture Massa. Pour le Président du Comité d'organisation, cette célébration est particulière parce que le peuple Massa est fier de sa culture. Jean Gaoussoumou a remercié les autorités des deux pays pour le parrainage de cette édition. Le PCO n’a pas manqué de saluer le rôle joué par le tout premier président de ce festival, le ministre Mounouna Foutsou qu’il présente comme un pionnier et un rassembleur.

Lancé en avril 2003, date de la première édition tenue à Yagoua, le festival se déroule alternativement au Cameroun et au Tchad. On retient 20 ans après que ce festival a permis la diffusion de la culture à travers l'aide à la production des artistes massa, la création des écoles, la restauration de l'autorité des chefs appelés « Moulna ». Tous ces éléments rentrent en droite ligne avec le thème de la célébration, à savoir « porter la tradition, diffuser la culture, promouvoir le développement ». Les avancées du Tokna-Massana sont saluées par les gardiens de la tradition dont la parole est portée par Sa majesté Voussou Taira, Mulla (chef traditionnel) de Bugudum.

La communauté massa a décidé d'allier le côté festif au développement à travers tout un institut dénommé « institut Tokna du Peuple Massa ». André Djidda, le président du conseil d'administration dudit institut, se réjouit de la mise en œuvre progressive des différents organes devant permettre la diffusion de la culture massa mais aussi des activités de développement. Cet institut dédie un fonds de solidarité à l’appui financier aux projets, des subventions ponctuelles aux élèves et étudiants nécessiteux, et l'octroi des bourses d'études aux étudiants. « Notre vœu est de faire du Tokna-Massana, un instrument de développement devant aider les deux gouvernements à savoir celui du Tchad et celui du Cameroun », fait savoir André Djidda.

Dans leçon inaugurale, le Pr Moussa II soulève un certain nombre de problèmes qui plombent l'identité culturelle massa, entre autre les égoïsmes et la pauvreté. L’historien recommande au peuple Massa, dans le contexte de mondialisation, de repenser et revoir son passé pour pouvoir tirer son épingle de ce jeu globalisé. « Les massa doivent consolider la cohésion nationale et s'éloigner de l'individualisme », fait savoir le Pr. Moussa II.

Cette cérémonie d’ouverture se veut également culturelle. Des intermèdes musicaux ont vu prester des artistes du terroir tels que Nyangono du Sud. Des démonstrations offertes par des élèves de l'école de la langue et la culture Massa dénommée « Hatta Vun Massana ». Une manière de dire que la culture Massa se transmet d'âge en âge, pour mieux la rendre pérenne comme le veut le leitmotiv du Tokna-Massana. L’aspect culturel est marqué par le passage des différents « Labana » qui sont les écoles initiatiques réservées aux jeunes hommes Massa. Les chefs traditionnels ont tenu à perpétuer la culture du partage chère aux Massa en offrant deux taureaux au chef de l’Etat tchadien et un couple de chameau au représentant du chef de l’Etat camerounais. Une symbolique selon eux de la multiplication des initiatives pour le développement du Cameroun.